Accueil > Actualités

Un puzzle colonial a été mis en vente par les Archives municipales de Marseille

Publié le 9 juillet 2025 par Zohra

Un puzzle : un outil pédagogique de propagande colonial

Le puzzle, loin d’être un simple jeu d’enfant, est un produit direct de la valorisation de l’histoire coloniale et esclavagiste européenne et de la volonté de domination et de hiérarchisation des peuples.

Inventé au 18e siècle par John Spilsbury, cartographe britannique, le puzzle «  dissected map  » était d’abord un outil pédagogique destiné à la jeunesse de la bourgeoisie et de la noblesse. Mais il ne s’agissait pas d’apprendre innocemment la géographie, il s’agissait de familiariser les enfants avec la cartographie du monde, découpée selon les frontières imposées par les puissances coloniales.

Dès ses origines, le puzzle a donc servi à mettre en avant la domination européenne sur les continents colonisés, à banaliser la possession de territoires et à forger un imaginaire où l’Europe se place au centre du monde.

Les enfants, en reconstituant l’Europe, l’Asie, l’Afrique ou l’Amérique, intégraient dès leur jeune âge la légitimité de l’expansion coloniale, apprenant à considérer ces terres et leurs peuples comme des objets à s’approprier, à découper, à contrôler.

Avec l’industrialisation au 19e siècle, le puzzle s’est démocratisé, mais les thématiques coloniales ont persisté, propageant dans la sphère ludique et éducative les stéréotypes racistes et déshumanisants qui ont justifié l’oppression de millions de personnes.

Les puzzles coloniaux, comme celui vendu par les Archives municipales de Marseille, tiré de l’exposition coloniale de Marseille de 1906, ce puzzle fait l’éloge de la colonisation française à Madagascar, ce ne sont pas simplement de simples vestiges du passé  : ils constituent la trace matérielle d’un système de pensée qui a construit la supériorité européenne et la domination impériale, jusque dans les jeux d’enfants.

À Marseille, ville marquée par l’histoire coloniale, on retrouve cette mémoire dans le nom des rues, des monuments, ainsi que dans les deux expositions qui ont permis de mettre en scène la puissance de l’empire colonial français.

La commercialisation récente de ce puzzle à destination d’enfants dès 5 ans n’est pas un accident, c’est la preuve que l’imaginaire colonial continue d’imprégner nos institutions et nos espaces publics.

Ce puzzle, dénoncé par des personnes et des collectifs antiracistes, exposait un homme noir caricaturé, animalisé, réduit à un objet de moquerie et de domination. Sa mise en vente, sans contextualisation ni réflexion, participe à la banalisation d’un héritage raciste qui continue de blesser et d’exclure.

Face à cette mobilisation, les archives municipales ont retiré le puzzle de la vente, mais sans reconnaître ni prendre en compte la violence symbolique de l’acte. Ce retrait, obtenu sous la pression populaire, montre l’urgence d’une décolonisation des pratiques culturelles et éducatives. Il ne suffit plus de cacher les traces du passé  : il faut les nommer, les déconstruire, et refuser que l’histoire coloniale continue d’être banalisée.

Le comité antiraciste et antifasciste du quartier BelledeMai
Lettre archives municipales 14 mars puzzle colonial
[pdf]

 

Mise à jour :mercredi 27 août 2025
| Mentions légales | Plan du site | RSS 2.0