Élisée Reclus (1830-1905) est un géographe et militant anarchiste. Il est membre de la 1re Internationale, participe à la Commune de Paris et sera l’ami de Bakounine et de Kropotkine. Banni, il devra s’exiler en Suisse puis en Belgique. Il rédige une monumentale Nouvelle géographie universelle qui va connaître une large diffusion à son époque. Il publie de nombreux ouvrages dont L’Homme et la Terre [1]
On peut le considérer comme un précurseur de la géopolitique. Cependant, son analyse de la colonisation révèle des contradictions quand il s’agit de la domination française en Algérie. En tant qu’anarchiste, il défend l’idée du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, il dénonce notamment l’accaparement des terres par les Anglais aux Indes et les Hollandais en Indonésie. Pourtant, comme d’autres anarchistes de son temps, il considère de façon positive l’installation de colons sur des terres dans le but de les mettre en valeur sans exploiter la main-d’œuvre indigène :
L’Algérie a de véritables colons, c’est-à-dire des hommes qui labourent eux-mêmes le sol, qui élèvent leurs enfants dans le sillon, qui montent la garde autour de leurs récoltes. C’est eux, plus que les soldats, qui font la force de l’Algérie française, parce qu’ils y sont de par leur volonté et qu’ils en ont fait leur patrie [2].
Tout en dénonçant les massacres et les injustices, il considérera l’annexion de l’Algérie par la France comme un état de fait et il continuera à soutenir l’idée que les luttes des peuples sont fondamentales pour mener à l’émancipation universelle. Il voit aussi dans l’installation de colons une possibilité d’exportation des idées révolutionnaires notamment celles des communards et autres opposants politiques déportés [3]