Thomas Robert Bugeaud (1784-1849), maréchal de France. Engagé en 1804, il participe à la plupart des campagnes et batailles napoléoniennes, notamment en Espagne (1808-1813) où il aura une première expérience d’une guerre de résistance à l’invasion. Licencié de l’armée avec la Restauration, il est rappelé par la Monarchie de juillet (1830). En 1836 il est envoyé en Algérie dans l’espoir d’en finir avec la résistance dirigée par Abdelkader qui dure depuis le début de la conquête en 1830. Il est nommé gouverneur de l’Algérie en 1841. Il applique alors la politique de la terre brûlée. Ses troupes pourchassent les combattants et les populations civiles, incendient les villages, détruisent les troupeaux, enfument les grottes dans lesquelles se sont réfugiées des tribus entières. « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac [1] […] ! Enfumezles à outrance comme des renards2. » Le 18 juin 1845, dans les grottes du Dahra toute une tribu, hommes, femmes et enfants, entre 700 et 1 200 personnes selon les estimations sont ainsi exterminées. « J’entrerai dans vos montagnes ; je brûlerai vos villages et vos moissons ; je couperai vos arbres fruitiers, et alors ne vous en prenez qu’à vous seuls [2]. »
Pour Olivier Le Cour Grandmaison [3], « Bugeaud est le théoricien et le praticien, d’une guerre qui doit être qualifiée de totale » sans distinction entre combattants et société civile. D’ailleurs, la préoccupation constante de Bugeaud est d’associer l’armée à la colonisation :
« L’armée est tout en Afrique, disait-il, elle seule a détruit, elle seule peut édifier. Elle seule a conquis le sol, elle seule le fécondera par la culture et pourra par les grands travaux publics le préparer à recevoir une nombreuse population civile. » Il attribue des terres confisquées à des soldats démobilisés.
Au moment de la révolution de 1848, il est nommé par Louis-Philippe, chef de l’armée, et déclare vouloir en finir rapidement avec cette « canaille rebelle ». Face à la Garde nationale qui refuse d’obéir à ses ordres, il est démis de ses fonctions au profit de Cavaignac. En 1849, il écrit De la guerre des rues et des maisons, un traité de « contre-guérilla » urbaine.
Le quartier des casernes, sur 7 hectares, est un ensemble de casernes (du Muy, Busserade, Masséna et Marceau), dans le quartier de la Belle-de-Mai, construites sous le Second Empire. La caserne du Muy, rue Bugeaud, a longtemps été un établissement de transit pour les colonies. L’armée de terre l’a abandonné en 2012.