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Arrondissement 7ème - Quartier Du Roucas Blanc à Mazargues

Maréchal Lyautey (avenue)

Date de délibération non connue.



Hubert Lyautey (1854-1934) est issu d’une famille de militaires. Il intègre l’école de Saint-Cyr en 1873, puis en 1880 est envoyé, en tant qu’officier de cavalerie, en Algérie. Catholique influencé par les courants du catholicisme social, il découvre alors la religion et la culture musulmanes et décide d’apprendre l’arabe. Il est envoyé en Indochine de 1894 à 1897, il y rencontre Gallieni, qu’il retrouve ensuite à Madagascar de 1897 à 1902 où s’exerce une impitoyable répression contre le peuple malgache. Au cours de l’hiver 1903-1904, Lyautey intervient pour réprimer les révoltes à la frontière algéro-marocaine. Il pratique à la fois l’emploi brutal de la force de l’armée et le dialogue avec les tribus berbères. Promu colonel en 1900, puis général de brigade en 1903, il devient général de division en 1907, nommé à la tête de la division d’Oran. Il occupe Oujda au Maroc et réprime ensuite un soulèvement dans la région des Beni Snassen au nord-est du Maroc. La suite de sa carrière va lui permettre de mettre en œuvre sa vision propre de la colonisation, différente de ce qui s’est fait en Algérie où il s’agissait de tout détruire, tout raser pour occuper, coloniser, administrer directement. S’il est impitoyable avec les tribus qui s’opposent aux intérêts de la puissance coloniale et de ses fidèles serviteurs, il est soucieux de laisser en place, voire de créer de toute pièce une administration marocaine et un état à son service, totalement dévoués à la puissance coloniale, même au-delà d’une future indépendance qu’il entrevoit.
En 1912, une convention signée entre la France et le sultan marocain (le traité de Fès) organise officiellement le protectorat français sur l’Empire chérifien. Lyautey, nommé résident général, met en place un modèle personnel de Protectorat. La « pacification » se fait au nom du sultan, Moulay Youssef, qu’il installe lui-même. La stratégie consiste à créer une solidarité d’intérêt entre les colonisateurs et les autorités traditionnelles (sultan, chefs locaux) contre tous ceux qui refusent de rentrer dans le moule des accords de Fès. Sur le plan militaire, si Lyautey contrôle bien le Maroc occidental des plaines et des collines dans un triangle Fès-CasablancaMarrakech, la situation dans le reste de la colonie est incertaine. Il y mène tous les ans des opérations militaires meurtrières (bombardements aériens sur les villages, les troupeaux et les récoltes). Brièvement nommé ministre de la guerre en décembre 1916, il démissionne en mars 1917. De retour au Maroc il s’occupe de l’exploitation économique du pays au profit de la métropole : il développe les phosphates de Khouribga et la colonisation, par confiscation ou rachat, de plusieurs centaines de milliers d’hectares. En 1923, il réprime à nouveau les tribus entrées en rébellion dans la région de Taza. Craignant une jonction avec Abdelkrim el-Khattabi qui, en 1922, a proclamé la République du Rif et combat les troupes espagnoles, il tente de négocier avec Abdelkrim. Désavoué, il doit laisser les mains libres à Pétain qui est nommé commandant en chef et s’allie avec Franco, commandant des forces espagnoles, pour écraser la résistance rifaine en utilisant notamment, des armes chimiques. En 1925 il démissionne et, en 1927, il est nommé commissaire général de l’Exposition coloniale de 1931 à Paris.
Il meurt en 1934, il est enterré à Rabat. Son corps est rapatrié en France en 1961, aux Invalides. Un lycée de Casablanca porte encore son nom aujourd’hui. Souvent présenté comme un partisan d’une colonisation plus humaine, moins violente, plus respectueuse, il n’en a pas moins été intraitable avec ceux qui s’opposaient à la colonisation et il aura participé en tant que militaire à la répression coloniale en Indochine, à Madagascar, en Algérie et au Maroc.

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Mise à jour :mercredi 22 mai 2024
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