Les Mameluks, à l’origine membres d’une milice formée d’esclaves affranchis au service de différents souverains musulmans, prennent le pouvoir en 1250 et règnent depuis Le Caire sur un vaste territoire incluant l’Égypte, la Syrie et l’Arabie. En 1516, le sultan ottoman Selim Ier va les renverser, mais l’Empire ottoman laissera aux chefs mamelouks d’importantes responsabilités, leur donnant le titre de bey.
En 1798, Bonaparte prend la direction d’une expédition militaire visant à occuper l’Égypte. Cette campagne, qui débute par une victoire sur l’armée des Mamelouks de Mourad Bey, se termine pourtant par la défaite face aux Ottomans alliés aux Anglais. La capitulation est signée au Caire en 1801 : près de 23 000 personnes embarquent dans les ports égyptiens. Parmi eux, des Mamelouks ralliés à l’armée française. Ils seront intégrés dans l’armée de Napoléon pour constituer une formation de cavalerie, escadron de la Garde impériale. Démobilisés après la première abdication de Napoléon en 1814, ils sont dispersés et certains s’installent avec leurs familles cours Gouffé à Marseille.
Le 25 juin 1815, à la suite de l’annonce de la défaite de Waterloo et de l’abdication de l’empereur, les troupes bonapartistes abandonnent la ville. C’est alors que « dans la nuit même, une foule en furie envahit les rues de Marseille […]. L’émeute qui visait d’abord les bonapartistes […] très rapidement tourna au pogrom. […] Les rues furent jonchées de douzaines de cadavres. […] La tuerie dura plus d’une journée. […] Le village du cours Gouffé fut totalement incendié [1] ». Les violences sont dirigées contre les partisans de Napoléon, les Mamelouks, et autres « réfugiés égyptiens », les cibles principales sont les personnes distinguables par leur aspect : couleur de peau, vêtements ; les deux premières victimes furent d’ailleurs des femmes noires. Les survivants vont se réfugier dans les collines des quartiers sud. Cette traverse se situe dans le quartier Sainte-Anne où ils se sont sans doute installés.